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A qui la faute ?

Durant dix ans de transition démocratique, notre pays a eu accès à un soutien aux différents niveaux. Que ce soit au niveau bilatéral ou multilatéral, les dons, les prêts et plusieurs autres mesures d’accompagnement politiques et économiques ont plu sur le pays. On a eu accès aux différents instruments de soutien en vue de baliser la voie à la réussite du modèle démocratique et d’engager la Tunisie sur une voie de croissance durable et pérenne.

Au grand dam des Tunisiens, dix ans après, on se retrouve au bord de la faillite économique et politique. La démocratie est beaucoup plus fragilisée et le pays racle les fonds de caisse pour payer salaires et pensions. Il est évident que ce soutien ne pouvait durer infiniment. D’autres pays qui viennent d’entrer dans une phase de transition démocratique, en l’occurrence la Libye ou le Soudan, occupent le devant de la scène maintenant et ils figurent dans l’ordre de priorité des bailleurs de fonds et des pays donateurs.

Certes, notre pays continue à bénéficier de quelques programmes mais qui touchent à leur fin. Ce qui explique pourquoi tout le monde se détourne d’un pays qui a mal géré l’aide dont il a bénéficié. A qui la faute si notre pays est aujourd’hui au bord du gouffre et que tous ses acquis démocratiques et toutes ses performances économiques sont menacés ? Ne nous voilons pas la face, nous en sommes tous responsables. Gouvernants et gouvernés ont pris la mauvaise direction dès le départ. La révolution ou l’explosion révolutionnaire qui s’est déclenchée de façon inattendue et spontanée a été usurpée par des militants politiques qui ont saisi au vol le moment historique pour faire main basse sur cet élan populaire victorieux. Certains ont visé le pouvoir, d’autres les richesses du pays. Ce croisement d’intérêts a donné lieu à un régime batard au service de quelques intérêts étriqués. Des intérêts politiques certes mais dont les dessous sont de nature spoliative. Les Tunisiens, qui se sont bel et bien fait berner par des slogans creux, se sont réveillés avec un mal de crâne généralisé après avoir pris conscience des dommages qu’ils ont subis et dont ils vont traîner les séquelles des années durant. Il est vrai qu’il y a toujours un prix à payer pour jouir des bienfaits démocratiques mais les torts subis dépassent de loin les espoirs fondés sur la liberté.

On se retrouve aujourd’hui plus appauvris, plus vulnérables, plus inquiets et beaucoup moins optimistes. C’est pour dire qu’il ne sert à rien de mettre au banc des accusés ceux qui nous ont soutenus car ils se détournent de nous. La confiance est ébranlée dans ce modèle démocratique qui a été clamé haut et fort sur toutes les tribunes. De plus, on n’a rien à offrir au monde pour attirer investisseurs ou touristes. Car on ne cesse d’envoyer quotidiennement des messages qui font fuir les capitaux. On surfe sur des vagues journalières de contestations, de grèves et de revendications. Même la pandémie, malgré sa cruauté et les milliers de morts qu’elle a causés, n’est pas parvenue à nous unir dans ce combat. Continuons à creuser notre fossé par notre propre volonté. On y passera tous à court, moyen ou long terme.

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